Quand je fais mes achats sur Amazon ces jours-ci, je ressens parfois un choc en voyant les prix de certains articles. Cette poudre de protéines que j’achète tous les mois, ou les cartes de Noël que j’aime bien prendre, semblent plus chères que l’an dernier.

Selon un récent rapport d’AOL, les prix d’un échantillon de 50 produits ont augmenté de 4,2 % en trois semaines après les dernières annonces de droits de douane en avril, soit plus que les hausses observées chez Walmart ou Wayfair.

Les acheteurs le sentent, les vendeurs le subissent, et tout le monde veut savoir qui est responsable. Bien sûr, les droits de douane font la une, mais il y a bien plus en jeu, et j’ai trouvé intéressant de décortiquer tout cela. Dans cet article, je passe en revue la partie douanière, pourquoi Amazon ne détaille pas ces coûts sur les pages produits comme les rumeurs le laissaient entendre, et les autres pressions qui s’accumulent en arrière-plan. Spoiler : ce ne sont pas seulement les droits de douane, mais un mélange complexe de facteurs économiques et d’évolutions de la plateforme.

Pourquoi Amazon ne détaille pas les coûts des droits de douane

Des rumeurs disaient qu’Amazon avait envisagé d’afficher les frais d’importation directement sur les pages produits de sa boutique low-cost Amazon Haul, mais l’idée a été rapidement abandonnée.

Une porte-parole de l’entreprise a expliqué que la proposition avait été étudiée, mais jamais approuvée, et qu’elle est désormais définitivement écartée. La réaction est venue directement de la Maison-Blanche, la porte-parole Karoline Leavitt qualifiant cela de mouvement politique hostile de la part d’Amazon. Afficher les droits de douane aurait mis en lumière le lien avec la Chine, d’où proviennent environ 25 % des produits non alimentaires d’Amazon. Cela risquait d’éloigner les clients et les régulateurs, et Amazon préfère rester neutre, laissant le prix final parler de lui-même.

Andy Jassy a reconnu la réalité économique sans soutenir une plus grande transparence, expliquant que les vendeurs de divers pays ne peuvent pas absorber 50 % de coûts supplémentaires. Ne pas détailler les droits de douane maintient l’attention sur le prix final, mais masque la complexité réelle des hausses.

Droits de douane et inflation, évidemment

Les droits de douane sont l’éléphant dans la pièce. L’histoire des taxes sur les importations chinoises, qui ont atteint jusqu’à 145 % à certains moments, a causé de sérieux dégâts dans les chaînes d’approvisionnement. Amazon a même annulé certaines commandes de produits fabriqués en Chine. Une analyse de Reuters a montré que les prix de plus de 1 400 produits chinois ont augmenté en moyenne de 2,6 % de janvier à mi-juin, avec une accélération en mai au moment de l’entrée en vigueur des taxes. Les prix des meubles et articles pour la maison ont grimpé de 3,5 %, ceux de l’électronique de 3,1 % sur la même période.

N’oublions pas l’inflation : l’indice des prix à la consommation des biens de base aux États-Unis a augmenté de 2,8 % en glissement annuel jusqu’en mai, et jusqu’à 3 % en septembre. Les prix sur Amazon semblent augmenter plus vite que la moyenne nationale, avec une hausse moyenne de 6,7 % des prix fixés par les vendeurs tiers entre fin 2023 et fin 2024. Les vendeurs ne réagissent pas seulement aux droits de douane : ils intègrent les coûts des matières premières, les retards d’expédition, et plus généralement la pression sur les coûts d’exploitation et de vie. C’est pourquoi même les produits fabriqués aux États-Unis sont plus chers, pas seulement ceux en provenance de Chine.

Frais Amazon et pression sur la Buy Box

Quand je dis que les coûts augmentent pour les vendeurs, une partie vient des frais Amazon plus élevés. Les frais FBA et de referral sont restés stables en 2025, sans nouveaux types introduits, comme annoncé fin 2024. Cependant, les frais de Multi-Channel Fulfillment (MCF) ont augmenté en moyenne de 3,5 %. Par exemple, les tarifs de préparation et d’emballage MCF pour les articles de taille standard ont augmenté de quelques centimes par unité par rapport à 2024.

Les surcoûts de stockage en saison de pointe, d’octobre à décembre, ont aussi fortement augmenté. Les frais de stockage mensuels pour les articles de taille standard sont passés d’environ 0,78 $ par pied cube hors saison à environ 2,40 $ par pied cube pendant les mois de pointe. Les surcoûts de stockage à long terme ont également grimpé, atteignant jusqu’à 6,90 $ par pied cube ou 0,15 $ par unité pour les stocks conservés plus de 365 jours, selon la politique mise à jour d’Amazon sur les stocks anciens. Nous pouvons également nous attendre à d’autres hausses de frais en 2026, comme annoncé par Amazon fin 2025.

Et puis il y a l’algorithme de la Buy Box, souvent controversé parmi les vendeurs, qui a poussé la FTC à déposer une plainte antitrust en septembre 2023, accusant Amazon de créer un plancher de prix artificiel en pénalisant les concurrents qui proposent des prix plus bas hors Amazon. Aujourd’hui encore, Amazon semble toujours privilégier le prix le plus bas. Les vendeurs peuvent perdre la Buy Box malgré une livraison rapide et de bons indicateurs, car un centime d’écart avec un concurrent suffit à la verrouiller. Avec l’émergence d’autres canaux comme Walmart Marketplace ou, à l’avenir, le commerce agentique, les vendeurs se soucieront moins de la pression sur les bas prix d’Amazon et jugeront que cela ne vaut plus la peine pour certains produits moins stratégiques.

L’effet de la déclaration fiscale à la Chine

Un facteur passé innapercu, mais qui pourrait avoir un impact massif, est la nouvelle déclaration fiscale trimestrielle d’Amazon aux autorités chinoises, lancée cette année. À partir de la première soumission due le 31 octobre pour les données de juillet à septembre, Amazon partage désormais les identités des vendeurs, les volumes de transactions, les revenus et les commissions avec Pékin, conformément aux mandats du Conseil d’État. Cela ferme certaines zones grises fiscales et devrait dissuader certains vendeurs de sous-déclarer leurs revenus.

Les vendeurs chinois représentent plus de 50 % des comptes les plus performants d’Amazon, dont 57 % de ceux générant un million ou plus de chiffre d’affaire par an. Bien qu’Amazon gère la déclaration pour simplifier l’administration, cela peut augmenter les coûts de conformité pour certains vendeurs, les incitant potentiellement à hausser leurs prix pour créer des marges de sécurité face aux audits ou aux hausses d’impôts.

Conclusion

Ces facteur, des droits de douane à la déclaration fiscale en passant par les changements de frais, auront définitivement un impact sur les prix. La décision d’Amazon de regrouper les coûts maintient une expérience d’achat fluide, mais nous laisse deviner les véritables moteurs de chaque hausse. Pour les vendeurs, c’est une raison de passer en revue chaque ligne de frais, de diversifier les canaux, et de fixer les prix avec des données plutôt que par réaction.

Et pour les fêtes ? Si ces pressions continuent de s’accumuler, les prix de Noël sur Amazon risquent d’être durs pour nos portefeuilles. Selon les prévisions d’Adobe, les ventes en ligne pourraient encore atteindre 253 milliards de dollars entre novembre et décembre (+5,3 % en glissement annuel), mais avec des hausses de 3 à 5 % sur les catégories très dépendantes de la Chine comme les jouets et l’électronique, les surcoûts de pointe, et des taux de rupture de stock proches de 10 %, je pense que les prix seront nettement plus élevés qu’il y a un an. Les acheteurs pourraient se tourner vers le paiement en plusieurs fois pour étaler leurs dépenses, mais la facture risque d’être douloureuse pour les vendeurs comme pour les clients.

Sources